La thérapie des schémas

Qu’est-ce qu’un schéma ?

Selon Jeffrey Young (psychologue américain) le concept de schéma correspond à une croyance au sujet de nous-même, de notre relation avec les autres et avec le monde. Cette croyance est constituée d’un ensemble de souvenirs (pensées) associés à des sensations corporelles et des émotions.

Les facteurs qui sous-tendent la constitution d’un schéma sont notre tempérament qui est inné, l’environnement dans lequel nous grandissons, les événements de vie que nous traversons et le degré de satisfaction des besoins affectifs fondamentaux durant l’enfance.

En général, les schémas se constituent au cours de l’enfance et/ou l’adolescence. Tout schéma correspond à une réalité de l’individu à un instant t de son histoire. Notre environnement se modifiant au fil du temps, nos schémas sont normalement flexibles, ils ont la capacité de continuer à s’enrichir et s’ajuster tout au long des expériences de la vie d’un adulte.

C’est à travers le prisme des schémas que nous interprétons la réalité. En fonction de cette interprétation que nous faisons de la réalité, nous allons réagir de manière automatique.

Si notre interprétation est adaptée, notre réaction le sera aussi. Par exemple la croyance  » je suis digne d’être aimé tel que je suis  »  est un schéma adapté qui pourra s’accompagner d’une certaine émotion (confiance), qui se manifestera par des sensations corporelles (fluidité, légèreté) et éventuellement d’un ou plusieurs souvenirs. Le comportement qui en découle nous permettra d’aller facilement vers les autres et de vivre notre vie sereinement.

 

Marie Annick lalès Médecon acupuncteur

Quand est-ce qu’un schéma fait souffrir ?

Un schéma (croyance) peut être issu d’expériences traumatiques précoces ou encore de la non satisfaction d’un ou des besoins fondamentaux de l’enfance.  Si ce schéma se rigidifie et perdure dans le temps à l’âge adulte alors il risque de nous faire souffrir. Car adultes, nous ne sommes plus dépendant de ceux qui nous entourent pour assurer notre propre survie, nos moyens d’expression ont aussi évolué et nous sommes libres de choisir ce qui est bon ou non pour nous, ce qui n’était pas le cas lorsque nous étions enfant et que nous devions « subir » notre entourage.

Par exemple la croyance « je ne suis pas digne d’être aimé  » est un schéma précoce inadapté. Un enfant qui a ressenti des carences affectives aura pu créé ce schéma pour se sécuriser lui permettant de prévoir l’attitude de ses parents et de s’y adapter pour survivre. A l’âge adulte si ce schéma persiste, il devient inadapté car le passé n’est plus, l’environnement a changé. Cette façon de percevoir devient rigide et toxique. Lorsque ce schéma s’activera il pourra s’accompagner d’une certaine émotion (tristesse) qui se manifestera par des sensations corporelles désagréables (boule au ventre, larmes) et éventuellement d’un ou plusieurs souvenirs. Le comportement qui en découle pourra être une tendance à l’isolement, à des évitements de certaines situations ce qui l’empêchera de se réaliser pleinement dans la vie et le fera souffrir.

En effet, un enfant étant extrêmement vulnérable, son existence tient uniquement aux adultes qui l’entourent et plus particulièrement à ses parents qui doivent répondre à ses besoins. L’enfant a des besoins fondamentaux comme d’être alimenté et habillé. Il doit être aimé de manière inconditionnelle et doit se sentir protégé physiquement et psychiquement. Il doit être valorisé, encouragé, entendu, vu, compris. Il doit être progressivement responsabilisé et sentir en face de lui des limites réalistes. Il doit être éveillé et aidé à développer sa curiosité. Il doit sentir autour de lui de la stabilité. En revanche, il n’a besoin ni d’être assisté ni d’être surprotégé, mais il a besoin de sentir des limites réalistes.

Si ses besoins fondamentaux sont satisfaits tout au long de son enfance et adolescence, il va pouvoir construire des représentations adaptées (schémas adaptés) de lui-même et de sa relation au monde tels que : « J’ai de la valeur »; «Je suis aimé tel que je suis» ; « Je peux compter sur les autres pour me soutenir et m’aimer»; «Je suis capable de me débrouiller seul dans la vie » ; « Je me connais bien, je sais ce qui est bon pour moi et ce qui ne l’est pas » ; « Je connais mes besoins et je suis capable de les exprimer à mon entourage » ; « Je respecte les autres même s’ils ont des avis différents du mien » ; « Je connais et respecte les lois » ; « Je sais contrôler mes réactions, je ne suis pas impulsif »…

Les besoins d’amour, d’attention, de protection, d’autonomie, de limites sont universels. S’ils ne sont pas satisfaits au cours de l’enfance ou de l’adolescence , il peut en résulter, en fonction du tempérament de l’enfant et des événements de vie précoce, la constitution de schémas précoces inadaptés.

Un enfant ne sait pas si ce qu’il vit est normal ou pas. S’il est maltraité depuis sa naissance, il ne connaît que cela et a assimilé le fait que la relation aux autres est ainsi:  « Je mérite d’être maltraité.»  Devenu adulte, si une personne le maltraite psychologiquement ou physiquement, son schéma émotionnel « tristesse » va s’activer, entraînant l’émergence de la pensée « je le mérite », pensée qui sera accompagnée de sensations d’oppression dans la cage thoracique et d’un repli sur lui-même, car ce qu’il vit est normal pour lui. Sa réaction à cette situation est automatique et il se peut que tout au long de sa vie, il se lie d’amitié uniquement avec des personnes irrespectueuses sans avoir conscience de ce phénomène. Son schéma restant le même, il retombe dans le même trou sans comprendre pourquoi il y est tombé…

Certains contextes favorisent l’activation d’un schéma. Un exemple ?  Stéphane présente le schéma Punition. Lorsqu’il est au travail, il craint constamment que son patron se fâche contre lui, l’interpelle en pleine réunion pour le corriger ou le vire parce qu’il a fait une erreur. Il pourrait vous décrire les sensations corporelles désagréables éprouvées chaque fois qu’il pousse la porte de son bureau, le sentiment de peur, sinon de terreur quand il entend son patron monter les escaliers, les discours intérieurs en boucle et l’envie de s’excuser, de demander pardon. Il pourrait associer ses sensations à des souvenirs d’enfance où son père violent le frappait à la moindre incartade. Plus un schéma est marqué, plus les stratégies pourraient être rigides et dysfonctionnelles. Stéphane pourrait devenir figé comme paralysé et ne plus savoir quoi dire ou faire, il pourrait devenir excellent et très exigeant afin de lutter contre le risque d’être puni, il pourrait aussi chercher à s’anesthésier en prenant de l’alcool avant chaque réunion…

Comme on a pu le constater dans l’exemple ci dessus, la réactivation des schémas précoces inadaptés est une expérience en général désagréable. Et qu’a tendance à faire l’être humain face à ce qui est désagréable? À se figer, à fuir ou à lutter. Plus un schéma est marqué, plus les stratégies auront tendance à être rigides et dysfonctionnelles. Stéphane pourrait devenir comme paralysé, ne plus savoir quoi dire ou faire (se figer), pourrait chercher à anesthésier ses malaises par la cocaïne (fuir), ou pourrait chercher à exceller afin de ne pas prêter le flanc à la punition (lutte).

De nombreux paramètres déterminent notre manière d’être dans la vie sans que nous en soyons vraiment conscients. Selon notre personnalité, notre histoire de vie et l’environnement dans lequel nous avons grandi enfant, nous avons construit des représentations de nous-mêmes, de ce que doit être la vie, de ce que doivent être notre relation aux autres…

Les expériences que nous vivons à l’âge adulte devraient modifier ce type de schéma Punition car les gens qui nous entourent ne sont plus les mêmes que durant notre enfance. Adultes, nous ne sommes plus dépendant de ceux qui nous entourent pour assurer notre propre survie, nos moyens d’expression ont aussi évolué et nous sommes libres de choisir ce qui est bon ou non pour nous, ce qui n’était pas le cas lorsque nous étions enfant et que nous devions « subir » notre entourage.

Par exemple, dans le cas de Stéphane, rencontrer des personnes douces et respectueuses devrait changer la représentation « je mérite d’être puni si je fais une erreur » en « je mérite d’être respecté », « aucun être humain ne mérite d’être puni sévèrement pour quoique ce soit » . Or c’est à travers le prisme de ce schéma de Punition que Stéphane perçoit la réalité.

 

Pourquoi suivre une thérapie des schémas ?

Quelle que soit l’histoire de notre enfance, nous rencontrons tous, inévitablement, la difficile réalité de la douleur inhérente à notre condition d’être vivant. Le schéma précoce inadapté qui est à l’origine de cette douleur est une entrave à notre épanouissement personnel. Sans que nous en ayons conscience, il nous empêcher d’aller là où c’est bon pour nous, il entretient des ruminations et des représentations négatives sur nous-même ou les autres, parfois nous prive de nous libérer de relation toxique… Il nous maintient dans des scénarios douloureux répétitifs tout au long de notre vie. 

Pour pouvoir profiter de cette liberté gagnée avec l’âge adulte, il est nécessaire que nous ayons conscience des schémas qui gouvernent notre vie et qui peuvent, si on n’y prend pas garde, nous précipiter dans la spirale infernale de la souffrance. La thérapie des schémas permet de prendre soin de cette douleur afin de choisir ce qui est bon à vivre pour nous-même.

 

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